Rémi Uchéda
Exposition Parcours – » Pêle-mêle «
Rémi Uchéda, né en 1969 à Ganges en France, diplômé des écoles des Beaux-arts de Nîmes puis de Montpellier. Il vit et travaille à Paris et dans l’Aveyron. Artiste plasticien, performeur, curateur, il est membre fondateur des ateliers Babiole à Ivry-sur-Seine. Il est invité par L’H du Siège pour une exposition Parcours du 20 septembre au 22 novembre 2025, présentant un ensemble d’oeuvres récentes ou nouvelles et inédites.
« Le travail de Rémi Uchéda se déploie selon deux axes : il sculpte les corps lors de performances et les matériaux industriels auxquels il refuse toute dimension fonctionnelle. »*
Son point de départ pour la réalisation de ses œuvres repose sur l’utilisation d’objets et de matériaux qui vont tantôt être accumulés, assemblés ou modifiés. Il part d’éléments très concrets issus du monde contemporain, qu’il s’agisse de biens de consommation manufacturés, de structures ou de composantes industrielles, d’éléments mobilier, d’instruments ou encore d’outils agricoles. Cela peut-être aussi bien un andaineur (machine agricole pour le foin), des tuyaux de Durite armée en inox tressés, d’anciens pieds de machine à coudre empilés, des bonbonnes de gaz alignées, des pneus d’avion disséqués, des pieds de trampoline contorsionnés, des panneaux de signalétique d’interdiction associés à des dispositifs anti-pigeon… Ces éléments identifiables ou non aux premiers abords subissent des opérations d’assemblage par retrait, découpage ou pliage, générant de nouvelles formes et évocations. Le métal – matériau dominant – est parfois contrebalancé par des matériaux plus mous et souples (le caoutchouc, le skaï….) ou naturel (le foin). Les couleurs souvent vives participent aux gestes de métamorphose. Chez Rémi Uchéda, le détournement est le maître mot. Les éléments et objets employés sont systématiquement dépourvus ou empêchés de tout usage habituel. Cela génère de nouveaux dialogues, souvent facétieux, avec quelques clin d’œil à Marcel Duchamp ou encore à l’Arte povera.
Bien souvent, l’artiste joue de double sens, tant avec les idées que les objets. Les matériaux, la manière dont ils sont employés n’est pas anodine. La Durite armée (initialement destinée à maintenir la pression), l’andaineur (pour aligner le foin), les racks métalliques (pour stocker les bonbonnes de gaz), les structures et pieds (pour maintenir des objets, du mobilier), les panneaux de signalétique… constituent autant d’éléments déclinant une réflexion sur le rangement, le cadre, l’ordre et le maintien. Le plasticien interroge et détricote les usages et s’attache à la question de la tenue. Comment les choses tiennent entre elles et pour nous-mêmes, que ce soit physiquement, structurellement ou émotionnellement ? Qu’est-ce qui nous fait tenir, tous ensemble, l’un à l’autre ? Ces structures prêtes au rangement, à empêcher, à souder, à joindre, à coudre, sont là pour créer le dérangement et un questionnement possible.
« Les œuvres de Rémi Uchéda nous parlent des cadres dans lesquels nous évoluons, de notre manière de nous adapter à notre environnement, de la façon dont nous le structurons tout autant qu’il nous structure. La question de la posture traverse sa pratique, interrogeant aussi bien la place de l’individu dans le corps social que dans sa manière de défendre une idée ou un point de vue. »**
De manière métaphorique, Rémi Uchéda se joue d’un monde contraint où les choses sont définies, avec peu de marge d’expansion et de liberté. L’exposition Pêle-Mêle décline non sans humour ce qui est autorisé et ce qui est interdit, autorisant et célébrant la glissade et l’incartade en vis-à-vis de dispositifs de coercition, de mise au pas du monde et de l’humain. Une grande fresque peinte – surnommée Tissus aux bleus – fait le tour des murs. Tels des hématomes de peintures, ces tâches évanescentes fusent et grandissent. Elles répandent une expansion gorgée de douceur et de vitalité en regard des dispositifs et sculptures incarnant la contrainte, l’ordonnancement et l’alignement.
Depuis la cour jusqu’à l’espace d’exposition, l’artiste nous invite dans son univers étrange et familier à la fois, une forêt de signes où l’on se fraye un chemin sur le fil de l’équilibriste et au sein de laquelle se formule de multiples hypothèses.
Parcours est un format d’exposition monographique qui privilégie la présentation d’œuvres produites pour l’occasion mises en perspective avec des œuvres antérieures. L’accrochage est le fruit d’un dialogue avec l’artiste invité. Il doit permettre de poser un regard et de nourrir une réflexion, tout en offrant les conditions favorables à sa perception auprès des publics.
* Dominique Chabeau, Rémi Uchéda sculpteur de matière et de corps, Artaïs, 2013.
** https://www.progressgallery.com/artistes/remi-ucheda
* Légende du visuel : « Andaineur éclaté », 2022, métal peint, 1 x 4 x 2,5 m Crédit photographique : Rémi Uchéda
Rencontre avec Madeleine Filippi et l’artiste samedi 22 novembre 2025 à 17h
Visible du 19 septembre au 22 novembre 2025 ouvert du mardi au samedi de 14h à 18h
sauf jours fériés, entrée gratuite,